17ème Atelier international de recherche et d’actions sur les inégalités sociales et les discriminations du CREMIS, Brxuelles 2016 : des murs et des brèches

Au cœur des inégalités sociales et de la « Fabrique des pauvres» se trouvent des obstacles et barrières relevant de l’accès à l’éducation, au logement, au travail, à la justice, à la santé, à un revenu décent, entre autres choses. Comment expliquer ces obstacles et barrières ? Comment les surmonter ? Jusqu’à quel point peut-on identifier des rapports sociaux qui sont producteurs de ces inégalités et de la pauvreté aux différents moments de la vie ? En quoi consistent-ils ? Le dix-septième Atelier international de recherche et d’actions sur les inégalités sociales et les discriminations du CREMIS a été organisé à Bruxelles au mois de mars 2016, en collaboration avec Le Forum Bruxelles contre les inégalités (note 1). Ce dix-septième atelier a été fondé sur le partage des pratiques développées par les participants qui visent à enrayer la «Fabrique des pauvres», en comprenant mieux la fabrique comme telle et en ouvrant des brèches qui peuvent nous amener ailleurs.

Depuis 2003, les ateliers internationaux du CREMIS mettent en contact et en tension des mondes qui souvent ne se rencontrent pas : chercheurs, intervenants sociaux et de la santé, représentants des populations concernées, militants, élus et autres. Les participants sont issus de milieux et de groupes d’âge différents et possèdent autant des savoirs d’expérience de vie et d’intervention que des savoirs fondés sur des pratiques de gestion et de recherche. Le choc des cultures, des façons de faire, des langages et des spécialisations peut ouvrir des brèches surprenantes dans les manières de penser et d’agir. Les participants mettent en commun leurs engagements et leurs savoirs accumulés pour faire avancer les connaissances sur les inégalités et la pauvreté et échanger sur les pratiques existantes ou à inventer permettant de contrer leurs effets ou de les réduire. Ces savoirs sont mis en commun lors d’une semaine de séances de travail intensives. L’atelier débouche sur une journée publique d’échanges et de délibération à la fin de la semaine.

À Bruxelles, cette journée publique de clôture à la Maison du peuple à Saint-Gilles a pris la forme d’un tribunal populaire des droits de la personne, réunissant 150 personnes de la région bruxelloise et animé par les membres québécois et belges de l’atelier. Les personnes présentes ont été invitées à délibérer sur les pratiques présentées en tant que «brèches» possibles dans les «murs» de la Fabrique des inégalités: brèches en termes de travail de terrain, d’orientations institutionnelles, de pratiques de recherche. Les quatre murs de la fabrique identifiés pendant la semaine – l’étiquetage des populations, les conditions matérielles de vie, les contraintes imposées aux intervenants, les rapports sociaux inégalitaires – ont été reproduits sous forme écrite sur les quatre murs de la Maison du peuple, en même temps que les brèches identifiées.

Ces brèches ont été relevées à partir des échanges sur les pratiques développées, de part et d’autre de l’Atlantique, par les participants à l’atelier. À l’œuvre dans ces pratiques se retrouvent l’intelligence de l’action collective, le potentiel, capacités et forces des personnes, le décloisonnement, le pouvoir de l’action, la recomposition du social, l’effectivité des droits, la non-hiérarchisation des savoirs, la lecture de genre, en même temps que l’indignation et la parole critique. S’y retrouve aussi la nécessité de prendre le temps avec les gens, de s’émanciper du temps de la Fabrique qui s’impose de plus en plus dans les services publics et les administrations, et surtout de favoriser les temps d’échanges citoyens essentiels pour agir sur les inégalités et faire société ensemble. Dans les pages qui suivent, vous trouverez les réflexions de Manu Gonçalves au sujet de l’atelier, ainsi que la liste des participants à cette édition de 2016.

Les participants à l’atelier

Ibrahim Akrouh, conseiller juridique et chargé de recherche au Mouvement contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Xénophobie (MRAX), Bruxelles.

Jessica Albayrak, paire-aidante au Groupe d’intervention alternative par les pairs (GIAP), Montréal, œuvrant auprès des jeunes de la rue à l’équipe mobile de Médecins du Monde.

Doris Allard, organisatrice communautaire au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Lorraine Beauvais, chef d’administration de programmes des équipes jeunesse et scolaire au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Gestionnaire-chercheure au CREMIS.

Sylvia Bissonnette,  coordonnatrice du Groupe de recherche et de formation sur la pauvreté au Québec, un organisme fondé par le Front commun des personnes assistées sociales du Québec. Membre partenaire du CREMIS.

Eliane Bonjean, Ecrivaine publique – Coordinatrice des actions sociolinguistiques, Ville de Grenoble.

Sophie Damien, référente sociale pour les projets bruxellois de Médecins du Monde.

Françoise De Boe, juriste, coordonnatrice du Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale, Bruxelles.

Nicolas De Kuyssche, directeur de l’association Le Forum Bruxelles contre les inégalités, réunissant une cinquantaine d’organisations et de services sociaux qui luttent contre les inégalités sociales.

François Denuit, doctorant à l’Université de Warwick et à l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste de la politique sociale européenne en matière de lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale et le chômage.

Denis Desbonnet, journaliste, activiste et animateur, en charge des problématiques liées à la pauvreté au Collectif Solidarité Contre l’Exclusion, Bruxelles.

Ariane Dierickx, directrice générale, l’Ilot, Bruxelles.

Céline Galopin, historienne de l’art, médiatrice culturelle au sein de l’association sans but lucratif Article 27 à Bruxelles ; développe des projets artistiques avec des publics vivant dans une grande précarité.

Isabelle Gamot, Cheffe du Service Promotion de la Santé, Direction Santé Publique et Environnementale, Ville de Grenoble.

François Ghesquière, attaché scientifique et expert en inégalités sociales à l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS).

Baptiste Godrie, sociologue, chercheur d’établissement au CREMIS, professeur associé au département de sociologie de l’Université de Montréal.

Manu Gonçalves, co-directeur du service de santé mentale bruxellois, Le Méridien ; coordinateur santé mentale et précarités pour la Ligue bruxelloise francophone pour la santé mentale.

Lazaros Goulios, Permanent interprofessionnel pour le syndicat CSC de Bruxelles en charge des questions relatives aux travailleurs sans emploi. Membre de la Coordination sociale locale du Mouvement ouvrier chrétien à Schaerbeek.

Chahr Hadji, éducateur spécialisé en accompagnement psycho-éducatif travaillant auprès de personnes sans-abri à Bruxelles.

Stéphane Handfield, étudiant à la maîtrise en sociologie à l’Université de Montréal.

Hélène Hiessler, Culture et démocratie, Bruxelles.

Eric Husson, coordinateur, Lama, ASBL bruxellois, centre ambulatoire médico-social de prise en charge d’usagers de drogues. Responsable, Concertation bas seuil (CBS), un groupe d’institutions qui regroupe la MASS de Bruxelles et le centre d’accueil de crise Transit.

Catherine Jauzion, cofondatrice du Café Touski, une coopérative de travail dédiée aux familles et résidents du quartier Centre-Sud, Montréal. Doctorante en sociologie, Université du Québec à Montréal.

Isabelle Laurin, chercheure d’établissement à la Direction de santé publique de Montréal dans le service Développement des enfants et des jeunes. Chercheure membre du CREMIS.

Jean-Baptiste Leclercq, sociologue, chercheur d’établissement au CREMIS, professeur associé au Département de sociologie de l’Université de Montréal.

Sébastien Lo Sardo, anthropologue, chargé de mission, Le Forum Bruxelles contre les inégalités.

Frédéric Maari, spécialiste en activités cliniques au programme dépendances du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Praticien-chercheur au CREMIS.

Céline Mahieu, sociologue, professeure à l’École de santé publique de l’Université Libre de Bruxelles.

Alain Maron, député écologiste, Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.

Christopher McAll, professeur et directeur, département de sociologie, Université de Montréal. Cofondateur et codirecteur scientifique du CREMIS. Fondateur et coresponsable des ateliers internationaux du CREMIS.

Geneviève McClure, Agente de planification, programmation et de recherche, volet développement de la recherche et animation scientifique, CREMIS (Montréal). Coresponsable des ateliers internationaux du CREMIS.

Deborah Myaux, Cellule aide alimentaire, Fédération des services sociaux, Bruxelles.

Tristan Ouimet-Savard, coordonnateur au développement des pratiques et à la défense des droits du Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ).

Mohamed Ouslikh, sociologue, Bureau d’étude du syndicat FGTB de Bruxelles.

Baptiste de Reymaeker, Culture et démocratie, Bruxelles.

Jean Spinette, Président du Centre public d’action sociale (CPAS) de Saint-Gilles et président de la Conférence des 19 CPAS bruxellois.

Georges Tonon, bénévole, maison d’accueil pour sans abris Les Petits Riens à Bruxelles. Expert du vécu au Service Public de Programmation (SPP) Intégration sociale et a la Direction générale aux personnes handicapées (DGPH).

Marc Uhry, Fondation Abbé Pierre (Europe)

Olivier Vangoethem, expert du vécu en matière de pauvreté et d’exclusion sociale pour le compte de l’Etat fédéral belge au Service Public de Programmation (SPP) Intégration sociale.

Bruno Vinikas, vice-président, Le Forum Bruxelles contre les inégalités.

Serge Zombek, psychiatre, responsable pendant trente ans d’une clinique générale au sein d’un hôpital public du centre de Bruxelles.

Notes

1. Nous remercions les partenaires suivants qui ont permis l’organisation du 17ème Atelier international du CREMIS (en collaboration avec Le Forum Bruxelles contre les inégalités) : Fédération Wallonie-Bruxelles, le Ministère des affaires internationales du Québec, Les Offices jeunesse internationaux du Québec, CPAS Saint-Gilles, Commune de Saint-Gilles, Service de la culture de Saint-Gilles, Francophones Bruxelles, Région de Bruxelles-Capitale, Organisation internationale de la francophonie, la Commission communautaire commune de Bruxelles Capitale.