Comprendre et prévenir le risque suicidaire chez les personnes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme : consultation d’experts (2014)

La problématique du suicide chez les personnes ayant une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) est un phénomène peu connu et il n’existe actuellement pas d’outils de prévention et d’intervention spécifiques aux problèmes suicidaires adaptés à ces populations. Ce projet a pour objectif de faire le point sur les connaissances scientifiques et cliniques concernant cette problématique afin de formuler des recommandations pour la recherche et la pratique. Pour ce faire, le CRISE-UQÀM et le CRDITED de Montréal ont effectué une revue de littérature et ont organisé un forum de consultation rassemblant un groupe de 32 experts en DI/TSA, en prévention du suicide et en développement d’outils cliniques.

Les constats principaux de ce travail exploratoire sont que :

  • L’incidence du phénomène n’est pas connue, mais semble importante, particulièrement chez les personnes ayant un TSA ou une DI légère;
  • Plusieurs facteurs de risque ou de protection seraient communs avec ceux de la population générale, mais certains d’entre eux auraient un plus grand impact. Les pertes, deuils, transitions, intimidation, désespoir, tentatives de suicide antérieures, changement significatif du niveau de fonctionnement de base, impulsivité, consommation de substances, annonce de diagnostic, ont été identifiés comme facteurs de risque discriminants chez ces populations;
  • Le repérage et l’estimation du risque suicidaire devraient tenir compte du niveau de fonctionnement de base de la personne, de ses spécificités cognitives, langagières et cliniques, et comporter une validation, auprès de la personne, de sa compréhension des propos suicidaires verbalisés, ainsi que faire appel à plusieurs sources d’information;
  • Les pratiques de prévention et d’intervention devraient considérer et traiter tous les comportements suicidaires, anticiper et agir sur les sources de détresse, approfondir la compréhension de la mort et travailler sur les forces, l’espoir et les habiletés sociales et de communication de ces personnes.

En conclusion, ces travaux montrent qu’il est important de développer la recherche afin de soutenir les cliniciens dans leur pratique et d’améliorer les connaissances sur la problématique suicidaire, l’estimation du risque, la prévention et l’intervention auprès des personnes ayant une DI ou un TSA.