Les traumas, la santé physique et mentale

Crédits pour la capsule vidéo: Réalisation et production : Christine Chevarie; Direction photo : François Vincelette; Montage : Emilie Baillargeon; Conception sonore : Mélanie Gauthier; Musique originale : Jérôme Minière; Infographie : Martin Desrochers; Voix : Maxime Cormier et Marika Lhoumeau; Figurants : Édith Robert, Jérémy Puech, Émy Létourneau et Alexis Pearson

Les traumas, la santé physique et mentale

Les expériences traumatiques ont des impacts significatifs sur le bien-être et sur le développement des problèmes de santé mentale et de santé physique1,2. Ces impacts, ainsi que les habitudes de vie, telle la consommation de substances pour les apaiser, contribuent à la détérioration de la santé. Selon certaines études, une proportion élevée des personnes en situation d’itinérance auraient vécu des expériences traumatiques dans l’enfance3,4. La saillance de ce thème dans les récits des personnes rencontrées vient corroborer ces résultats. Plusieurs ont parlé des violences vécues dans leur enfance et de leurs impacts, notamment sur le plan relationnel, sur leur isolement et sur leur difficulté à faire confiance. Certaines ont évoqué des problèmes de consommation et de santé mentale, tels l’anxiété, la dépression, l’état de stress post-traumatique, le déficit d’attention avec hyperactivité (TDAH) et le trouble de la personnalité. Ces diagnostics sont reconnus comme étant fréquemment associés à un vécu traumatique5,4.

Si certaines personnes font un lien entre les événements du passé et leur situation actuelle, d’autres peuvent ne pas reconnaître l’impact traumatique sur elles de divers rapports abusifs ou de domination qu’elles auraient subis dans le passé, s’attribuant souvent la responsabilité de leurs difficultés. La population environnante, dans un contexte global où la responsabilisation individuelle constitue l’idéologie dominante et où les rapports sociaux sont en large part occultés, peut aussi voir dans la pauvreté extrême et le manque de logement la « faute » des personnes concernées. Les personnes accompagnatrices peuvent partager ce point de vue (faisant partie de la population soumise à cette idéologie) tout comme elles peuvent développer un autre regard en côtoyant les personnes accompagnées et en apprenant à connaître leurs histoires de vie. Même dans ce dernier cas, il peut leur manquer la formation nécessaire pour reconnaître les traumas vécus, l’impact de ces derniers sur la santé mentale et physique et sur le sentiment de sécurité intérieure qui peut influencer le sens « d’habiter » son logement. 

Selon nos résultats, l’expérience d’habiter se décline autour de deux axes : un premier axe individuel, où des valeurs de choix, d’intimité, de sécurité, de protection dominent, et un axe relationnel, centré sur les rapports sociaux significatifs où la personne est reconnue et appréciée à l’intérieur et à l’extérieur du logement. Or, la majorité des expériences traumatiques ont eu lieu dans des logements et, pour plusieurs personnes, le logement est un espace rempli de déclencheurs traumatiques et d’insécurité. Il peut ainsi y avoir un lien direct entre la capacité d’habiter et les traumatismes vécus dont l’approche globale en accompagnement doit tenir compte.

Principe no.2 : L’approche globale en accompagnement résidentiel reconnaît l’impact potentiellement traumatisant des expériences – et notamment des rapports vécus – dans les parcours de vie de différentes populations et l’effet cumulatif de ces traumas sur la santé mentale et physique. Les personnes accompagnatrices ont accès aux formations nécessaires pour savoir comment accompagner les personnes ayant vécu des traumas et les aider à limiter (et à comprendre) l’impact de ces expériences traumatiques dans leur vie quotidienne.


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Références dans le texte

1Felitti VJ, Anda RF, Nordenberg D, Williamson DF, Spitz AM, Edwards V, Koss MP, Marks, JS. Relationship of childhood abuse and household dysfunction to many of the leading causes of death in adults. The Adverse Childhood Experiences (ACE) Study. American Journal of Preventive  Medecine. 1998;14(4): 245-58.

2Shonkoff JP, Garner AS. The lifelong effects of early childhood adversity and toxic stress.  Pediatrics. 2012;129(1): 232-46.

3Bramley G, Fitzpatrick S, Edwards J, Ford D, Johnsen S, Sosenko F, Watkins D. Hard Edges: mapping severe and multiple disadvantage in England. London: Lankelly Chase Foundation; 2015.

4Herman JL. Trauma and recovery. New York: Basic Books ; 1992.

5Mueser KT, Salyers MP, Rosenberg SD, Goodman LA, Essock SM, Osher FC, Swartz MS, Butterfield MI. Interpersonal trauma and posttraumatic stress disorder in patients with severe mental illness: demographic, clinical, and health correlates. Schizophrenia Bulletin. 2004;30(1): 45-57.